Hélène DURDILLY
Artiste peintre, Hélène Durdilly (née en 1947, à Lyon) est la fondatrice de la revue semestrielle de poésie, Rehauts.
Comment poser mon souffle, placer ma respiration en regardant l’une des œuvres d’Hélène Durdilly, comment tenter une expérience, improvisation spirituelle autant que physiologique, capable d’investir plus à fond le champ de la perception ? Aller de concert avec « la petite ligne » modifiable, transmuable à l’infini, symbole ubiquitaire dans le travail de cette artiste, et qui dès le premier contact est entrée dans les pérégrinations de ma pensée et de mon questionnement…
Ses lignes appliquées, suggestives, comportant des intermèdes de signes et de sens me font songer aussi à une codification de mouvement, à l’instar de la cinétographie, système fondé par Rudolf Laban, danseur et chorégraphe du début du XXe siècle, pour consigner ceux de la danse.
Nul segment ici ne s’enclave ni ne se désoriente, nul trait tremblé, vacillant, ne dépareille l’ensemble, mais tous contribuent au contraire à renforcer cette orchestique minimaliste du déplacement. On dira simplement de l’un ou de l’autre, comme une notation sur le temps, qu’il a tremblé, que son parcours passait aussi par cette hésitation. Je regarde encore ces lignes, je regarde avec émotion ce qu’elles disent et surtout ce qu’elles ne disent pas. J’observe les précautions incluses dans leur mystère pour continuer à notre insu, par-delà les miroirs, dans la liberté de leur être, de vivre et de se parfaire. Avec leurs propres sursauts, bruissements, échos persistants, avec ce qui se trace d’identité pérenne et d’excédent, elles ont pour auditeurs l’espace et le temps.
Odile COHEN-ABBAS
(Revue Les Hommes sans Epaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
|
||
Dossier : Jacques LACARRIERE & les poètes grecs contemporains n° 40 |